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samedi 15 juin 2013

Affaire Cahuzac : Rémy Garnier enfonce le clou


Le vérificateur fiscal lot-et-garonnais a donné une leçon de dignité, de courage et de ténacité aux députés de la commission Cahuzac, mercredi

Rémy Garnier, hier, devant la commission parlementaire.

Rémy Garnier, hier, devant la commission parlementaire. (ph. afp)


On n’entendait plus une mouche voler hier soir à l’issue de la déposition de Rémy Garnier devant la commission d’enquête « Cahuzac » à l’Assemblée. Accueilli par des sourires condes- cendants à droite et par des yeux revolvers à gauche, le vérificateur fiscal lot-et-garonnais a finalement donné une petite leçon de dignité, de courage et de professionnalisme à la représentation nationale, hier.

Ni le président de la commission, le centriste Charles de Courson, ni son rapporteur, le socialiste Alain Claeys, n’avaient le cœur à rire au terme de son réquisitoire implacable. Quand les députés s’attendaient à entendre un fonctionnaire tatillon et aveuglé par sa soif de « vengeance » contre Jérôme Cahuzac, ils sont tombés sur un homme sans haine, droit dans ses bottes et tenace comme un fox-terrier.
« Outreau-sur-Garonne »
Loin de Cahuzac, l’essentiel du discours de Rémy Garnier a consisté à démontrer les lâchetés et déviances de l’administration fiscale comme d’une partie de la justice. « La justice à Agen, c’était Outreau-sur-Garonne » a-t-il lâché hier, arguments à l’appui.
« Mon destin m’a valu de croiser Jérôme Cahuzac trois fois. En 1999, dans le cadre de la vérification fiscale de la coopérative France-Prune qui a marqué le début de mes ennuis avec mon administration. Je ne lui en ai jamais voulu à lui. Il était dans son rôle de député à l’époque. Puis en 2008, lorsque j’ai rédigé un mémoire avertissant ma hiérarchie de son probable compte en Suisse. Là, c’est moi qui étais dans mon rôle. Et une seule fois physiquement, en octobre 2012, lorsque je suis venu demander réparation au ministre du Budget pour tous les torts, finalement reconnus par la justice, qui m’avaient été faits durant ces années. Cela ne m’a pas porté chance de croiser trois fois Jérôme Cahuzac. À lui non plus d’ailleurs », a-t-il résumé. Non sans humour.
La déception
Absorbés à confondre le « délateur » qu’ils pensaient avoir devant eux, les députés n’ont pas pensé à lui demander comment il aurait reçu en novembre 2012 le journaliste de Mediapart et les enquêteurs privés engagés par Patricia Cahuzac contre son mari, si ce dernier avait lavé son honneur comme il le souhaitait lors de leur rencontre du 26 octobre 2012.
« Ce jour-là, Jérôme Cahuzac m’a beaucoup déçu. Il m’a expliqué que la justice me donnerait finalement raison. Mais qu’il n’interviendrait pas pour me réhabiliter, pour une question d’honneur. Je m’attendais à ce qu’il me parle de mon mémoire mentionnant son compte suisse. Je suis convaincu que s’il en avait été au courant, il l’aurait évoqué. Même lui a été enfumé par sa propre administration sur sa situation. Une administration dont l’étonnement n’a pas cessé de m’étonner après les révélations de Mediapart. En regard de cette administration, Cahuzac est tout à fait sympathique. Lui au moins a avoué et demandé pardon. »
Pressé de questions, Rémy Garnier a lâché quelques perles hier. « Les privés qui enquêtaient sur lui pour Patricia Cahuzac voulaient savoir s’il avait eu une relation avec Florence Parly, si son fils lui ressemblait ! Ils faisaient fausse route avec moi. Ces privés se disaient eux-mêmes filochés par d’autres, agissant pour des laboratoires pharmaceutiques. Des labos dont ils m’ont montré une liste. Cahuzac avait touché 1,5 million d’euros de leur part selon eux. »
À une députée PS s’étonnant de sa proximité avec Me Gonelle, Rémy Garnier a répondu : « Politiquement, je suis aux antipodes de l’ancien député-maire RPR de Villeneuve. Je suis un militant CGT. Mais on peut ne pas être du même bord et partager le même respect de la loi et de la République, ne croyez-vous pas ? » D’où le silence des parlementaires, à la fin
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