Les militants de Ensemble invitent les habitants et les salariés à en débattre ensemble. Ne renonçons pas au changement, à nous de nous en mêler.


vendredi 18 octobre 2013

Déclaration de la FASE au conseil municipal extraordinaire du 17 octobre 2013 :



Projet de métropole parisienne un coup de force institutionnel.

Monsieur le Maire et chers collègues.
Le projet de loi objet de ce conseil municipal envisage de créer en Île-de-France, la « Métropole du Grand Paris » avec un « conseil métropolitain » de plus de 200 membres (réservant un quart des places aux élus de Paris) et dirigé par un président et quelques vice-présidents qui « régneront » ainsi sur quelque 6 millions d’habitants et une dimension économique de la puissance d’un état comme la Belgique !
Cette construction, telle que l'envisage le gouvernement ne serait selon vous, qu'un « coup de force institutionnel ». Je ne partage pas complètement votre lecture. Je pense que c’est pire que vous ne le dites, et cela pour deux raisons :

Premièrement, nous ne pouvons rester silencieux face au développement de ces grandes métropoles européennes avec leurs pôles de compétitivité, leurs pôles d’excellence, leur constant besoin de mise en compétition. Je ne peux croire que la construction de la mégapole parisienne puisse se faire sans dommages pour ses propres habitants, pour les territoires de province et donc pour un aménagement équilibré du territoire national.
Le développement de la région capitale ne s’est fait, et ne se ferait dans le cadre de ce projet de loi, qu’au profit des multinationales et dans une logique libérale. Cette politique va à l'encontre de l'alternative sociale et écologique que nous défendons. Elle éloigne les décideurs des citoyens et engendre forcément une méconnaissance du vécu de ses habitants, tant sur le plan social qu’environnemental. On sait déjà pourtant que cette croissance urbaine est au taquet (et même au-delà) et ne peut plus garantir un cadre de vie acceptable (notamment en Seine-Saint-Denis). Autour de nous, la mise en œuvre d’un projet inutile comme le « triangle de Gonesse », qui consomme de la terre agricole est un exemple de ce qu’un groupe financier comme Auchan est capable de mettre en œuvre, au mépris des hommes, de la terre, de l’air ou de l’eau.

Deuxièmement, ce n’est pas seulement parce qu'il bouleverserait le montage institutionnel local, que telle ou telle institution disparaîtrait, que nous devons nous battre contre ce projet, même si nous devons aussi le faire pour cela. Certes il participe d’une stratégie d’affaiblissement de la représentation citoyenne par l'éloignement des centres de décision que sont les maires, mais plus grave, il participe à terme à la destruction de toute forme de démocratie participative, et donc de toute démocratie, par l'image qu'il donne de la vie politique.
Ce projet est une pièce de plus dans un puzzle dont on mesure mieux les enjeux au fur et à mesure de sa construction. L’objectif : mettre en place une gouvernance qui dessaisit les citoyens de tout pouvoir démocratique. Il s'agit de répondre aux objectifs de compétitivité réclamés au titre de la concurrence libre et parfaite. Il convient de pouvoir continuer à produire et s'enrichir sans respect des hommes et de la nature, de piller les ressources naturelles sans contraintes et de polluer sans entraves. Cela se traduit accessoirement par l'austérité, la réduction des moyens mis à disposition de l’action publique pour compenser les méfaits de cette politique !
A t-on besoin de l'avis de nos concitoyens pour ce faire ? Non bien sûr ! C’est que, comme ils l'ont fait pour le traité européen, ils seraient capables, si on les consultait, d'émettre un avis défavorable à ces projets !
D'ailleurs, à ce sujet, ce qu'il nous a été donné à voir pour l’Europe est un bon exemple de ce qui se met en place. Et même si la désignation des parlementaires se fait avec un scrutin à la proportionnelle, nous constatons qu'un ensemble de technocrates construit une politique. Ils ne représentent personne, sinon qu’ils mettent en place un système politique et économique au service des plus riches et qui « pourrit la vie » de nos concitoyens.
La démocratie représentative est mal en point. Ce ne sont pas les affaires dans lesquelles certains élus nationaux (Cahuzac) ou locaux (Marseille, Hauts-de-Seine, Sannois à côté de chez nous) se trouvent régulièrement impliqués qui vont réconcilier les Français avec ce système. L’extrême droite avec son mot d’ordre « tous pourris » surfe avec succès sur ce thème, il n’y a pour s’en convaincre que de voir les résultats électoraux de Brignoles. Pour compléter ce tableau déprimant, j'y ajoute le recul de certains élus dans l’approbation d’une loi sur le non-cumul des mandats et la mise en place locale de ce principe.
Mais ce ne sont pas non plus les timides, les insuffisantes et éternelles « expériences » de démocratie participative qui vont permettre à nos concitoyens de se réapproprier la politique et de se battre pour plus de responsabilités dans la vie locale. Nos concitoyens dans leur immense majorité sont en capacité de jouer un rôle dans l’élaboration des politiques locales. Il faut le leur permettre ! Vous savez en particulier mon attachement au droit de vote pour tous dans les élections locales.
Malheureusement nous vivons dans un monde dirigé selon une pensée libérale où l’oligarchie qui nous gouverne ne cesse de nous asséner son lot d’évidences infantilisantes en lieu et place de tout débat démocratique.
·        Pourquoi partir plus tard à la retraite ? C’est simplement parce que le nombre d’actifs ne cesse de diminuer et que le nombre de retraités ne cesse d’augmenter !
·        Pourquoi défendre les productions de gaz de schiste ? Parce qu’il faudra bien se chauffer demain mon enfant !
·        Pourquoi ne pas fermer nos centrales nucléaires ? Parce que nous avons besoin d’électricité mon enfant !
·        Pourquoi mettre en place l’austérité ? Parce qu’il y a la crise et qu’il faut bien diminuer nos dépenses !
·        Pourquoi une loi sur la métropole parisienne ? Parce qu’il faut faire face aux défis que nous lancent les autres grandes métropoles européennes ! Parce qu’il faut bien mettre fin à l’empilement de collectivités locales !
·        Etc.
Notre combat contre ce système libéral, qui ruine notre pays, dessaisit nos concitoyens de toute participation citoyenne et politique, centralise tout et concentre les pouvoirs, ne peut se contenter de la mobilisation d’un soir des Tremblaysiennes et des Tremblaysiens sur un sujet aussi important que celui qui nous rassemble.
Il faut quotidiennement mettre en place des actions de nature à les persuader qu’ils peuvent peser sur la mise en œuvre des politiques. La reconquête de la démocratie ne peut se borner à les convaincre de participer aux échéances électorales, même si cela est essentiel.
Il me semble d’ailleurs qu'un référendum sur ce sujet s'impose, en Île-de-France comme dans les autres régions concernées par ces changements institutionnels. L'article 72-1 de la constitution ne garantit-il pas la participation des citoyens lors de la création de nouvelles collectivités territoriales ? Cela ne serait-il pas légitime alors que ce projet de loi engage la vie quotidienne de 30millions d’habitants de notre pays ?

Il y a plus que jamais besoin que le peuple se mêle de ses affaires, retrouve les moyens de s’exprimer pour faire entendre les exigences d’égalité, de justice sociale et environnementale.

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