Rendre au Mali sa souveraineté
Arrêter l’engrenage d’une logique guerrière
A nouveau, un pays d’Afrique est entraîné dans une
logique de guerre.
Le Front de gauche partage l’inquiétude des Maliens face
à l’offensive des groupes djihadistes, et comprend qu’ils se sentent soulagés
par toute action pouvant empêcher leur progression. Depuis plusieurs mois, les exactions
et exécutions sommaires pratiquées par ces groupes dans les zones qu’ils
contrôlent au nord du pays illustrent le danger qu’ils représentent pour les
libertés et la dignité du peuple malien et sa souveraineté.
Le président de la République a décidé d’engager l’armée
française.
Mais cette intervention montre désormais le risque d’un
engrenage dans une guerre sans fin prévisible, et sans véritable solution
durable pour le peuple malien et la reconstruction du pays. Le risque est grand
d'une déstabilisation de toute la région, comme on l'a vu en Algérie avec la
prise d’otages et son dénouement tragiques.
Elle a été décidée unilatéralement, sans respect des
règles fixées par l’ONU qui établissait qu’elle devait obtenir par avance
l’approbation du Conseil de Sécurité de l’ONU, et être menée par des troupes de
l’Union Africaine, dans les limites imposée par l’exigence de la souveraineté
malienne.
Elle a été décidée par la Présidence française sans
consultation du Parlement, et ses objectifs stratégiques n’ont pas été définis,
contrairement aux engagements pris par le candidat François Hollande.
Elle ne se limite pas à des frappes aériennes, mais
engage au sol des milliers de soldats de l’armée
française, qui visent désormais à reconquérir et à
occuper le Nord du Mali, outrepassant tout mandat.
Elle est engagée alors que le gouvernement assume une
politique d’austérité, qui réduit les dépenses dans tous les secteurs, mais
n’hésite pas devant les coûts extraordinaires d’une guerre qui va s’installer
dans la durée. Un argent qui serait plus utile dans l’aide à la coopération en
Afrique, alors que celle-ci est sans cesse en diminution.
Elle se déroule dans une région riche en pétrole, en
minerais stratégiques, en uranium, que les grandes puissances cherchent à
obtenir à bas coûts, privant les pays de leur souveraineté sur leurs ressources
naturelles.
C’est notamment le cas de la France qui, dans la région
du Sahel, vise à contrôler l’extraction de l’uranium avec AREVA.
Elle se tient dans une ancienne colonie française, et
suscitera une réaction contre elle car rappelant les pratiques dominatrices de
la Françafrique qui ont amenées à affaiblir les états et la démocratie dans le
région. Et elle redonne un soutien aux régimes des pays voisins pourtant
rejetés par leurs peuples et leurs oppositions démocratiques.
François Hollande, lors de sa première visite en Afrique
en novembre dernier, répétait : «En aucun cas, la France n’interviendra elle
même au Mali».
Le Front de Gauche exige une clarification des objectifs
stratégiques, avec un débat public transparent et un vote au Parlement,
maintenant et non «dans quatre mois» comme l’a annoncé François Hollande.
Le Front de Gauche demande que soit mis fin à l’envoi de
troupes françaises au sol visant la reconquête du Nord du Mali.
Toute
interposition africaine doit être placée sous mandat de l'ONU. La question de
l’intégrité du territoire malien doit être du ressort des forces maliennes. Sa
reconquête ne doit pas pour autant entraîner des exactions en retour contre les
populations du nord du pays, Arabes ou Touaregs, abusivement amalgamées aux «terroristes».
Les solutions politiques doivent primer sur les logiques
guerrières. La restauration de la souveraineté
territoriale du pays doit aller de pair avec la
reconstruction d’un Etat, d’une démocratie, d’une souveraineté sur les ressources
naturelles, une renégociation des droits du peuple Touareg, un processus national
constituant impliquant le peuple malien lui-même.
Le Front de Gauche défend et appelle à une autre
politique de la France avec l’Afrique, rompant avec les politiques de
domination et d’interventions militaires répétées, qui n’ont abouti qu’à alourdir
sur le dos des peuples africains le fardeau de la mondialisation libérale et
des politiques d’ajustement structurels imposées par le FMI et les grandes
puissances.
Le Front de Gauche apporte son soutien au peuple malien,
et appelle à la solidarité des peuples face aux épreuves qu’il traverse.
Le 29 janvier 2013
Collectif Afrique
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