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dimanche 27 janvier 2013

« IL FAUT ARRÊTER D’ATTENDRE QUE LES CHOSES VIENNENT D’EN HAUT »


Entretien avec Mathias Lahiani, fondateur du site On passe à l’acte !

Mathias Lahiani, 39 ans est montpelliérain, violoniste, réalisateur de disques et créateur du site humanisteOn passe à l’acte ! La plateforme On passe à l’acte ! a été créée en 2005 sous le slogan « Autorisons-nous à agir et libérons notre héros intérieur ! » Elle propose un répertoire de 250 initiatives ingénieuses et réalisables par tous, lancées par des citoyens soucieux de suivre des alternatives économiques, écologiques et éthiques plus responsables. Chaque projet sélectionné fait l’objet d’une vidéo de présentation. Cette plateforme permet aussi de mettre en relation ces acteurs de la sphère solidaire avec des volontaires prêts à les soutenir dans la mise en œuvre de leurs projets. Les bénévoles de « on passe l’acte » mettent également leur expérience au service de porteurs de projets afin qu’ils puissent les concrétiser.
Quand et pourquoi avez-vous créé le site « on passe à l’acte! » ? Comment cela fonctionne-t-il ?
Ça remonte à huit ans. A cette époque-là, c’est parti d’une sorte de déception de ma part. J’ai eu l’impression que chacun sauvait sa peau dans la vie et ça m’a un peu déçu. J’ai voulu prouver le contraire. Du coup, je suis parti à la rencontre d’hommes et de femmes qui font autre chose que juste sauver leur peau. J’ai eu envie d’aller les voir, de m’inspirer d’eux. Et j’ai donc créé un site sur les initiatives positives qu’ils proposaient. Aujourd’hui, il y a 250 initiatives postées sur notre site, une centaine de vidéos et soixante interviews. Le site est comme une plateforme d’informations et il y a aussi un aspect participatif dans la mesure où les gens peuvent poster leur propre initiative par eux-mêmes ou poster une invention qu’ils ont en tête ou révéler un héros, quelqu’un qu’ils ont rencontré et qui faisait quelque chose de chouette. On passe à l’acte ! est aussi une plateforme de rencontre entre des initiateurs de projets et des volontaires qui peuvent les aider à les réaliser.
Quel est le filtre que vous vous imposez dans le choix des initiatives que vous mettez en ligne ?
J’aime bien que l’initiative soit généreuse ou alors ingénieuse, écologique. En somme, que cela fasse avancer le Schmilblick !
Vous affichez clairement votre volonté de proposer un site d’informations positives – pouvez-vous nous en dire plus ?
J’ai l’impression que l’on a besoin d’informations positives. On a besoin d’un journalisme positif pour équilibrer avec toutes ces informations négatives qui circulent et qui font peur. Il peut s’agir de faits divers assez terribles ou sordides. On peut aussi avoir peur en raison de la situation économique ou des guerres. Le résultat, en tout cas, c’est que si l’on a que ce type d’informations, on risque de rester immobilisé par la peur. Le journalisme positif, c’est aussi une manière de lutter contre la morosité ambiante, une façon de dire qu’on est libre de créer, qu’il y a de l’abondance dans la vie. Cela vaut le coup de valoriser tout ça.
Parmi les initiatives que vous proposez, trois ont tout particulièrement retenu l’attention de Génération Solidarité : la mutualisation des colocations, la consommation locale contre la dépendance à la grande distribution, et le développement durable à domicile. En quoi sont-elles innovantes et permettent-elle de mieux lutter contre la crise ?
Ce que j’aime dans ces initiatives, c’est qu’elles parlent de l’abondance, de ce qu’il y a en bas. Avec la mutualisation des colocations, c’est l’abondance dans la collaboration entre les gens du terrain. La consommation locale contre la dépendance à la grande distribution, c’est une abondance qui vient de la terre, au lieu qu’elle vienne de la grande distribution. Pour le développement durable à domicile, c’est une idée de la responsabilité de chacun qui peut faire quelque chose à sa petite échelle.
Face à la crise qui paupérise de plus en plus de ménages, votre proposition est de revenir à des basiques, à modes de fonctionnement qui datent d’une époque où la consommation n’était pas reine ?
Ce n’est pas forcément rétrograder mais c’est peut être, comme dit Pierre Rabhi, une sobriété heureuse. En somme, Il s’agit d’arrêter d’attendre que les choses viennent d’en haut et de prendre conscience qu’on est si riches en bas.
La solidarité pour vous, c’est quoi ?
Ce serait faire des petites choses en plus que de sauver sa peau. S’entraider, collaborer, faire un lien avec la terre, avoir conscience de nos responsabilités individuelles, accepter de faire chacun à sa mesure.
Quel âge avez-vous ? Les gens de votre génération sont-ils aussi sensibles à ce discours aujourd’hui ?
J’ai 39 ans. Je vous ai parlé de ma déception au début de cette interview. La génération autour de moi quand j’avais 30 ans a vachement sauvé sa peau, beaucoup plus que ce à quoi je m’attendais. Et je me suis trouvé en reste de ce que j’imaginais d’une poésie de fonctionnement de notre société. Cela dit, j’ai bon espoir parce que je trouve que les générations qui ont une vingtaine d’années aujourd’hui sont beaucoup plus solidaires et enthousiastes à se prendre en main.
 ARTE Journal,

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